OBAMA ET LA "METHODE SARKOZY"

Publié le par frenchpuma

French article ; English version below

Cela s'appelle la méthode Sarkozy.

Cela consiste à éliminer peu à peu toute forme d'opposition politique et à neutraliser vos rivaux potentiels.

La méthode est ingénieuse : vous repérez vos adversaires politiques les plus dangereux pour l'avenir, et vous essayez de les rallier à votre cause, en leur proposant les positions les plus enviables, en flattant leur ego de manière à ce qu'ils ne puissent pas refuser.

Vous les nommez même ministres : qui peut refuser de devenir ministre du gouvernement français ? On peut citer les exemples de  Bernard Kouchner, Eric Besson, Martin Hirsch, Fadela Amara, Jean-Marie Bockel, qui étaient tous Socialistes (ou apparentés), et qui pourtant ont accepté de devenir ministres de Sarkozy.



Bernard Kouchner, ministre des Affaires Etrangères, ici avec Hillary, est sans doute la meilleure illustration du ralliement de certains Socialistes au président Sarkozy.



D'autres se sont vu proposer toutes sortes de missions politiques pour préparer des réformes sociales, y compris de célèbres figures de l'ère Mitterrand, comme Jack Lang, Michel Rocard, Jacques Attali, ou Claude Allègre...

Ou bien encore, vous pouvez aussi les nommer à des postes à l'international, afin de les garder à distance, comme Dominique Strauss-Kahn, devenu directeur du FMI.

Et ainsi, peu à peu, vous parvenez à être le seul qui reste, afin de vous assurer votre réélection.

Il semble bien que Barack Obama s'inspire et copie même cette méthode sarkozienne, car comme le président français, il entend bien être réélu en 2012, afin de rester huit ans au pouvoir.


Tout d'abord, il a nommé Hillary à l'un des postes gouvernementaux les plus importants.

Ensuite, il a essayé d'inclure plusieurs Républicains dans son gouvernement.

Puis, il a tenté de persuader plusieurs sénateurs républicains de soutenir sa politique, afin de faire adopter ses projets de lois.

Et maintenant, il envoie l'un de ses plus sérieux rivaux pour 2012 à des milliers de kilomètres de l'Amérique, en Chine !

John Huntsman, gouverneur républicain de l'Utah, dont le nom était de plus en plus cité ces derniers temps comme un possible challenger d'Obama en 2012, va très certainement accepter la proposition que le président lui a faite de devenir ambassadeur des Etats-Unis en Chine, d'après une source proche du gouverneur.




John Huntsman,  qui parle couramment le Chinois, depuis qu'il a été missionnaire Mormon à Taïwan, a accepté la nomination, toujours selon cette même source, qui a bien voulu s'exprimer à condition de rester anonyme, avant une annonce officielle que fera la Maison Blanche, sans doute ce samedi.

Monsieur Huntsman, qui est âgé de 49 ans, est très populaire. Il a déjà fait deux mandats de gouverneur, et il a fait partie des deux administrations Bush. Il s'est taillé une belle réputation, en se montrant tout à fait modéré dans un Etat réputé pourtant être l'un des plus conservateurs des Etats-Unis, l'Utah.
Il a déjà fait la une des journaux, récemment, en encourageant son Parti à devenir moins extrême et moins caricatural, afin de pouvoir reconquérir le pouvoir. Mais en adoptant de telles positions modérées, il a aussi provoqué la colère des  Républicains les plus conservateurs.

Ce sont pourtant ses positions plutôt progressistes sur des sujets comme l'environnement ou l'union civile entre homosexuels, qui lui ont permis de devenir crédible au niveau national. Par exemple, en 2006, dans un discours prononcé à l'université de Shangaï, il avait appelé la Chine et son pays à travailler main dans la main sur les problèmes environnementaux.

D'autre part, il a aussi attiré l'attention sur lui par ses positions sur le mariage homosexuel, car même s'il s'est opposé à ce dernier en 2004 (il avait soutenu à l'époque un amendement proposé dans son Etat pour interdire le mariage gay), il s'est déclaré en faveur d'une union civile pour les couples homosexuels.

Là encore, cette attitude lui a attiré les foudres des Républicains conservateurs, en Utah et au niveau national.
 

David Plouffe, qui a été directeur de campagne de Obama, pense que John Huntsman est l'un des Républicains dont son parti doit se méfier pour 2012 :


Je pense que s'il y a une personne qui doive nous causer souci à nous Démocrates, au sein du parti républicain, pour 2012, c'est bien John Huntsman. Je pense qu'il dit pas mal de choses intéressantes et vraies sur la direction que devrait prendre son parti."

Et David Plouffe a probablement raison car John Huntsman voudrait réellement réformer son parti.
Dans une interview donnée à Politico en mars, le gouverneur rappelait que son parti a besoin d'élargir son électorat :
"Je dirais que la transformation que notre parti doit accomplir s'apparente un peu à celle effectuée par le parti conservateur britannique. Ils étaient il y a encore quelques années, un parti de gens en colère, peu ouverts. Puis, peu à peu, ils ont commencé à élargir leur base électorale, et à s'intéresser aux sujets d'actualité, ce que nous devons nous-mêmes, Républicains, tenter de faire. Par exemple, il nous faut renouer avec les jeunes, avec les minorités, et élargir géographiquement notre électorat, que nous avons perdu. On ne peut pas rester le parti des Etats du Sud et de quelques Etats de l'Ouest. A long terme, cette stratégie n'est pas tenable.""

Tout cela semble extrêmement sensé, et c'était plutôt encourageant pour les Républicains de s'être trouvé quelqu'un d'aussi ouvert et charismatique.

Mais maintenant que Monsieur Huntsman s'en va, le Parti Républicain perd là l'une de ses meilleurs chances d'améliorer son image, et de trouver un leader crédible.



John Huntsman, à droite de Sarah Palin, qui est elle-aussi une challenger possible de Obama en 2012.



Et pour tous ceux, qui, comme moi, souhaitent voir Obama perdre les élections en 2012, ceci n'est certainement pas une très bonne nouvelle...

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Commenter cet article
L
Ce n'est même pas de Sarkozy: c'est une méthode utilisée par des types comme Omar Bongo pour décrédibliser les opposants: Mba Abessole par exemple, devenu maire de la capitale qui bouffe à présent au ratelier comme les autres.
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Z
Sarko va plus loin encore. Il nomme désormais les amis de gauche de sa femme de gauche à la tête de médias du service public comme Jean-Luc Hess à Radio-Fance ou Gérard Leclerc (frère de Julien Clerc) à la tête de La Chaîne Parlementaire
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M
C'est vrai que plus ça va, plus ces deux là se ressemblent. Ils se copient mutuellement et sont aussi arrogants l'un que l'autre. De plus en France comme aux USa effectivement l'opposition est inaudible ce qui n'arrange pas les choses.
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