OBAMA SE LAISSE GRISER PAR SON DESIR DE PLAIRE

Publié le par frenchpuma

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Les hommes politiques aiment être populaires. Vu sous cet angle, le projet de Barack Obama de plafonner à 500 000 dollars (389 000 euros) les rémunérations des dirigeants d'entreprises renflouées par l'argent public est une idée géniale. Mais vue sous à peu près n'importe quel autre angle, la décision du nouveau président des Etats-Unis est une catastrophe.

 




De fait, si l'on confiait la question des indemnisations des patrons à un philosophe de l'Antiquité, il pourrait établir une limite de ce type. Les théoriciens du management avaient coutume de dire que le patron doit toucher un salaire vingt fois supérieur à celui de l'employé moyen, ce qui équivaudrait à un plafond d'environ 700 000 dollars aux Etats-Unis.


Dans le monde réel, cependant, une contrainte de ce genre a des chances d'accroître la mauvaise santé d'entreprises déjà mal en point. Il peut sembler séduisant, pour un certain nombre de patrons dont le sens du devoir public est exacerbé, d'être à la tête d'entreprises déficitaires pour un salaire moindre que celui qu'ils gagneraient dans des entreprises plus performantes. Mais en pleine crise financière, le gouvernement ne peut pas se permettre d'être pingre.


De la même façon qu'un plan de plafonnement des salaires serait sans doute contreproductif, il y a peu à gagner à défendre des plans de relance de milliards de dollars dans le contexte actuel. Barack Obama ferait mieux d'utiliser sa popularité acquise grâce à une idée simpliste pour en combattre une autre, mauvaise, celle-ci : le protectionnisme.


L'électorat américain est autant séduit par le slogan "Diminuez le salaire de ces imbéciles" que par les T-Shirts où il est marqué "Achetez américain". Privilégier le patriotisme lorsqu'on fait ses courses peut être tentant. Mais si la plus puissante économie au monde fait barrage à trop de produits étrangers, nous nous dirigeons vers une guerre commerciale de grande ampleur. A terme, cela pourrait transformer la récession en véritable dépression.

 

 

 

Dès le début de sa campagne, Barack Obama a flirté avec les thèmes protectionnistes. Il serait bon, aujourd'hui, qu'il les abandonne définitivement et qu'il se prononce clairement en faveur d'échanges commerciaux libres et équilibrés. Cette politique implique une réduction du gigantesque déficit commercial américain.


Cela créerait de l'emploi sur le marché intérieur sans détourner les Etats-Unis du reste du monde. Cette approche n'est sans doute pas très populaire dans le pays aujourd'hui, mais séduirait à l'étranger. Plafonner les salaires des chefs d'entreprise et, en parallèle, protéger le libre-échange permettrait à Barack Obama à la fois de rester populaire et de prendre les bonnes décisions économiques. Que demander de plus ?




Author : Edward Hadas
(Traduction de Marie-Odile Masson parue dans Le Monde.)

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F
Pas de panique, le plafonnement des salaires pour les entreprises participant aux plans de soutien financier gouvernemental n'est pas retroactif! Donc tous les vendus qui ont mis les entreprises a plat n'auront pas a rendre les millions qu'ils viennent de toucher fin 2008, mais ceux qui vont les remplacer et remettre les entreprises sur pied eux devront le faire au rabais.<br /> <br /> Et quand aux idees de protectionisme, elles viennent tout droit de Geithner, le Ministre du tresor, ce soit disant genie a qui il fallait pardonner ses ecarts avec le fisc, vu sa brillance et connaissance des marches financiers. Genious my Assssss.
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