LES GUERRES DE OBAMA
French version ; English version below
Ce n'est pas la première fois, et ce n'est certainement pas la dernière.
Ce genre de scènes deviendrait presque une routine, quelque chose de banal : des hôtels en feu ; des explosions quasi simultanées, et les corps de dizaines d'innocents que l'on évacue...
Au cours des sept derniers mois, il y a eu environ 500 personnes tuées (la plupart des civils innocents) dans des attentats sans pitié perpétrés dans des grandes villes, par des extrémistes islamistes et hindous.
Oui, vraiment, ces attentats sont inquiétants pour les Etats-Unis.
Même si pour l'instant, on n'a pas entendu dire que des Américains figuraient parmi les victimes à Bombay, des témoins ont rapporté que les terroristes cherchaient précisément les Britanniques, les Américains, et les Israëliens pendant qu'ils prenaient possession des hôtels.
De plus, tout le monde sait bien que l'Inde, depuis sept ans, est devenue depuis les attentats du 11 septembre, l'un des plus proches alliés des USA, ce qui en fait une cible idéale pour les terroristes.
"Si le terrorisme s'étend du Pakistan et de l'Afghanistan, jusqu'en Inde, alors cela devient un énorme problème pour les USA", a déclaré l'ex-conseiller de Bill Clinton et commentateur David Gergen.
L'horreur de ce qui vient de se passer en Inde doit en tout cas obliger Obama à s'intéresser davantage maintenant aux questions internationales. Il doit aider l'Inde à se remettre de ces attaques et veiller à ce que les responsables soient punis. Pendant la campagne, il avait notamment évoqué un rapprochement nécessaire entre l'Inde et le Pakistan afin de faire barrage au terrorisme à la frontière avec l'Afghanistan.
Pourtant, pendant les dernières semaines de campagne présidentielle, la politique étrangère avait presque disparu, remplacée par la crise financière. Or, désormais, on ne peut se cacher la vérité plus longtemps :
l'Amérique est toujours en guerre, au moins dans deux pays, l'Irak et l'Afghanistan, et la situation, loin de s'arranger, se détériore un peu plus chaque jour. Et la seule réponse donnée par le nouveau président a été jusque là de continuer la même politique de défense désastreuse que l'administration Bush.
La preuve : il vient de prendre une décision qui sera sans doute officialisée la semaine prochaine, et qui est accueillie par les médias inféodés avec des applaudissements : il compte maintenir à son poste le Secrétaire à la Défense, Robert Gates.
Franchement, comme symbole de changement, on ne pouvait faire mieux : voilà le message envoyé aux anti-guerre qui ont voté pour lui !
Comment Obama entend-il réaliser le changement promis si déjà il garde les mêmes hommes que ceux qui ont failli ?
Quand une entreprise veut éviter la faillite, elle commence déjà par renvoyer ses dirigeants qui se sont montrés incompétents, et elle en engage de nouveaux. Or, Obama, lui, toujours très logique, fait le contraire : il garde le même grand patron, qui est pourtant à la tête de la politique de défense depuis deux ans maintenant, depuis qu'il a remplacé Donald Rumsfeld en décembre 2006.
Et non seulement, il s'est montré incapable de trouver des solutions aux conflits, mais la situation n'a jamais été aussi dégradée dans cette partie du monde...
Robert Gates : on prend les mêmes et on recommence...
Monsieur Gates, dit-on, aurait accepté de rester au moins un an, afin que le pays puisse faire preuve d'une certaine continuité dans sa politique de défense.
Mais alors, on ne comprend plus rien : n'était-ce pas exactement l'inverse que Obama prêchait pendant sa campagne, en particulier face à Hillary pendant les primaires, quand il l'accusait de s'être lourdement trompée en votant pour la guerre ?
Il semble bien que la semaine prochaine, Obama va faire très fort quand il va annoncer ses équipes pour les ministères de la défense, la sécurité nationale, et la politique étrangère : on prendra les mêmes et on recommencera. Et Hillary, qu'il a accusée d'avoir eu un très mauvais jugement sur son appréciation de la situation en Irak va être chargée de piloter l'avion en compagnie de Robert Gates !
C'est vrai, ce dernier n'est pas à proprement parler un Républicain, puisqu'il se revendique Indépendant, mais n'a -t-il pas travaillé avec Bush ? Cela s'appelle donc le changement dans la continuité, et il paraît que ça rassure. Mais ça rasssure qui, exactement ?
Cela rassure d'autant moins lorsque l'on sait que Gates est partisan d'envoyer plus de troupes en Afghanistan. Tu parles d'un pacifiste ! Donc, non seulement Obama n'a pas l'intention de mettre un terme à deux guerres qui ont déjà coûté beaucoup sur le plan humain, et sur le plan financier, mais en plus il veut accroître (comme Sarkozy) le nombre de soldats qui se battent (et meurent) dans la région !
Mr Gates se justifie de la manière suivante : il faut plus de soldats américains, (il y en a actuellement 32 000) en raison de l'élection présidentielle qui doit se tenir en Afghanistan en septembre 2009, et il faut que cette élection se déroule bien. Les Américains ont le devoir de s'assurer qu'il s'agira bien d'une élection démocratique et qu'elle pourra se dérouler en toute sécurité pour la population.
En attendant, nul doute qu'une telle décision va faire plaisir aux manifestants pacifistes qui régulièrement protestent contre la guerre en Irak et qui voyaient en l'élection du Messie l'espoir que les choses allaient totalement changer. Rappelons que ces derniers ont évidemment voté pour Obama surtout pendant les primaires, et qu'ils ont bêtement cru à son engagement de retirer les troupes d'Irak dans un délai maximum de 16 mois après sa prise de fonction. Pas de doute : si le premier gage qu'il donne de son pacifisme, c'est d'envoyer plus de troupes en Afghanistan, il y a de quoi se sentir trahis du côté des anti-guerre !
Et quand Obama va annoncer les noms de son équipe à la Sécurité Nationale lundi, ils s'apercevront aussi que tous ces noms viennent de cercles conservateurs, centristes et pro-militaires. Pas un seul d'entre eux, selon les dernières informations, pour représenter l'aile la plus à gauche et la plus anti-guerre du Parti Dméocrate...
Donc, une seule conclusion s'impose : Obama a encore changé d'avis, sur ces questions aussi...
Il a réussi une métamorphose assez extraordinaire : de "candidat anti-guerre" il est devenu un "Président de guerre".
